BILLET DE LA PRÉSIDENTE
Néonicotinoïdes 

Nouveau retour en arrière ?

Décidemment, en matière environnementale, la majorité recule toujours un peu plus... Après les annonces gouvernementales supprimant la taxation du gazole non routier (GNR), pourtant mise en place pour décarboner le secteur, réduisant les délais de recours contre certains projets, annonçant une pause sur les zones humides et les tourbières, supprimant l’indicateur NODU pour mesurer l’utilisation des pesticides, voilà que c’est au tour de la majorité parlementaire de proposer un grand bond en arrière.


Deux propositions de loi ont ainsi été déposées par le député Luc Lamirault et cosignées par des députés LR, MODEM, Renaissance et divers droite pour, d’une part, supprimer la mission de délivrance, modification et retrait des autorisations de produits phytopharmaceutiques actuellement dévolue à l'ANSES, agence sanitaire, et confier une telle mission au ministère de l'Agriculture, et comme si cela ne suffisait pas à revenir sur l’interdiction de tous les néonicotinoïdes prévue par la Loi n° 2020-1578 en autorisant tous ceux qui ne seraient pas explicitement interdits par l'Union européenne… L’objectif est de réintroduire certains insecticides comme l'acétamipride et le thiaclopride… Il faut malheureusement rappeler que, selon un avis de 2020 de l’EFSA, agence européenne de sécurité alimentaire, le thiaclopride, développé par Bayer, outre son activité délétère pour les abeilles, aurait « une incidence sur les eaux souterraines, mais aussi pour la santé humaine, en raison de sa toxicité pour la reproduction ». Cette réautorisation profiterait avant tout à l’agriculture intensive dont la vocation première n’est pas – contrairement au dogme la souveraineté alimentaire – de nourrir le pays, mais bel et bien de produire toujours plus aux fins d’exporter… et ce au détriment de l’environnement, mais aussi et surtout de la santé des agriculteurs et des consommateurs.

Décidément, l’instrumentalisation de la crise agricole par  la FNSEA pour mettre à mal la législation environnementale fonctionne auprès de la majorité. Pour l’heure, ces propositions de loi ne sont pas inscrites à l’ordre du jour de l’Assemblée, mais il n’est pas à exclure que ces demandes soient portées par voie d’amendements dans le cadre du futur projet de loi sur l’agriculture. Soyez assurés que l’UFC-Que Choisir entend se mobiliser contre ces initiatives aussi néfastes que scandaleuses. 

Marie-Amandine Stévenin

Marie-Amandine Stévenin

Présidente de l'UFC-Que Choisir

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